Prépa ou pas prépa ?

Lycée

Ma fille est une excellente élève depuis l’école primaire. Elle est cette année en Terminale et son professeur principal lui a parlé d’intégrer une classe préparatoire l’année prochaine. Je suis inquiète. J’ai peur que cela lui impose un rythme de travail trop stressant. Nous vivons dans une petite ville avec des moyens financiers réduits, je m’inquiète aussi de ne pas pouvoir financer ce genre d’études et qu’elle ne soit pas comme les autres…

 

Si certains élèves de Terminale rêvent d’être admis en Classe préparatoire aux grandes écoles (CPGE) beaucoup d’autres s’autocensurent. En réalité le seul critère est sans doute d’aimer étudier, de vouloir apprendre, d’avoir envie de progresser dans une discipline en particulier.

 

Il existe des classes préparatoires littéraires, économiques ou scientifiques avec plusieurs filières dans chaque catégorie. Elles préparent aux écoles d’ingénieurs, aux écoles de commerce, à l’Ecole Normale Supérieure, aux Instituts d’études politiques…). Les études durent deux ans et se déroulent la plupart du temps au sein d’un lycée. Il y a moins de matières qu’en Terminale. Les enseignants ne sont en général en charge que d’une classe dans leur matière. Il existe des classes préparatoires publiques et privées. Dans l’enseignement public, elles sont gratuites.

 

Certes, l’exigence en classe préparatoire est élevée et la majeure partie du temps se passe à travailler. Il y a effectivement un emploi du temps chargé en cours, mais aussi un rythme de travail personnel soutenu exigé. Pour y parvenir, les élèves sont très bien encadrés. Plus que l’esprit de compétition, c’est sans doute la pression, l’impression de n’avoir soudain que des « mauvaises notes » alors qu’on était un excellent élève qui peut être déstabilisant.

 

Le taux d’échec est le plus faible de l’enseignement supérieur : la sélection se fait à l’entrée. Si vous êtes admis c’est que vous en êtes capable. Tout se joue sur votre potentiel votre capacité à vous organiser, votre esprit de synthèse, votre mémoire.

 

Les questions qu’il est légitime de se poser ne concernent pas seulement la quantité de travail  à fournir, la difficulté à suivre des études qui exigent un investissement total, ou les préjugés sociaux et culturels qui peuvent être associés à ces études. En réalité, votre fille a t-elle le meilleur profil pour intégrer une classe préparatoire… ou pas ?

 

Le pédopsychiatre Patrice Huerre s’est intéressé aux élèves qui parviennent à s’épanouir en classe préparatoire comme à ceux pour lesquels l’aventure est vouée à l’échec et synonyme de souffrance. Il a d’ailleurs écrit avec son fils, Thomas Huerre, ancien élève de classe préparatoire, aux éditions Fayard, un livre intitulé « La Prépa sans stress ».

 

Ce spécialiste note principalement que, paradoxalement, un élève déjà très mature, très enclin à remettre en cause le système établi ou à s’interroger sur son avenir, aura sans doute plus de difficulté à s’adapter à une classe préparatoire où mieux vaut « ne pas se poser trop de questions » pour se consacrer à l’apprentissage. De même, la classe préparatoire est sans doute à déconseiller à un adolescent qui confond ses résultats scolaires avec sa valeur personnelle : les notes parfois très basses le déstabiliseraient.

 

Mais ces réserves formulées, il y a aussi nombre d’élèves très heureux en classe préparatoire. Et elles se sont considérablement démocratisées, permettant à des bacheliers plus nombreux et diversifiés de les intégrer. En dix ans, le nombre de classes préparatoires a doublé.

 

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